Entre lumière et obscurité, Marion Di Napoli dévoile Fade Away sur KNTXT
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Nous suivons Marion Di Napoli depuis ses débuts, à l’époque où elle évoluait encore sous le nom de La Kajofol. Déjà, sa musique portait les germes d’une identité forte, entre intensité brute et univers onirique. Aujourd’hui, avec Fade Away — son nouvel EP à paraître le 19 juin sur KNTXT, le label de Charlotte de Witte — elle franchit un nouveau cap, plus intime.
Ce projet lui a permis d’y projeter ses émotions les plus profondes, dans une époque où les codes esthétiques et les attentes superficielles prennent souvent le pas sur la sincérité musicale. Fade Away est une réponse, une respiration, un acte de disparition symbolique pour mieux exister à travers l’émotion.
À propos de ses intentions, Marion Di Napoli explique : « C’était une toile blanche à remplir avec mes émotions, pour me permettre de disparaître, de m’effacer dans un monde où seules les émotions dominent, afin d’exister pleinement–une forme de catharsis transitoire. Chaque morceau raconte une histoire empreinte à la fois d’ombre et de lumière. »
À travers trois morceaux — Fade Away, Let Go, Elixir — Marion trace une narration sensible entre lumière et obscurité. Elle mêle des kicks lourds et puissants à sa voix claire et lyrique, des textures orchestrales à une mélancolie hypnotique. Une techno mystique, viscérale, qui invite l’auditeur à fermer les yeux et à lâcher prise.
– La piste-titre, Fade Away, se distingue par une techno rapide, des riffs choraux découpés et une voix puissante qui s’élève au-dessus de nappes mélodiques, à la fois sombres et exaltantes.
– Let Go, plus épuré, sans paroles, propose un voyage intérieur, rythmé par un kick minimaliste et des samples aériens, comme une invitation à lâcher prise.
– Elixir, en guise d’outro, puise dans ses influences orchestrales et animales, pour refermer le chapitre avec sa voix seule, limpide et hantée.
À l’occasion de cette sortie très attendue, nous avons eu la chance de l’interviewer et de lui poser quelques questions exclusives sur la genèse du projet, sa vision artistique, et ce que signifie pour elle ce passage à une nouvelle étape de son expression musicale.
🎤 Interview exclusive avec Marion Di Napoli
1. Tu as créé le style «Mystical Techno », mêlant techno, influences lyriques et atmosphères mystiques. Peux-tu nous expliquer comment cet univers s’est transformé ou approfondi dans ce nouveau projet ?
Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment voulu « créer » un style à part, mais comme ma musique ne rentrait dans aucune case, j’ai eu envie de lui donner un nom, quelque chose qui lui ressemble et qui échappait aux étiquettes. Elle était portée par des ambiances mystiques, des textures lyriques et une techno chargée d’émotion… c’est comme ça que l’univers de La Kajofol a vu le jour, et aujourd’hui, il continue de vivre à travers Marion Di Napoli.
La Mystical Techno, c’est mon ADN. Ma voix, mes influences, cette énergie envoûtante… tout ça fait partie de moi. Alors je dirais que par ce changement de nom, ce n’est pas le fond qui a changé, mais la forme. Ce n’est pas son âme qui évolue car elle reste la même, mais plutôt l’enveloppe, la structure à travers laquelle je veux exprimer ces mêmes émotions.
2. L’année 2024 a été très riche en performances dans des festivals majeurs. En quoi cette expérience scénique a-t-elle nourri ou modifié ta façon de composer ou produire pour ce nouvel EP ?
Dans ma musique, je me nourris de ce que je vis au quotidien: les voyages, les lieux que je découvre, les gens que je rencontre, ou ceux qui m’entourent déjà. Être en tournée m’inspire énormément, parce que ça réunit tout ça en un seul mouvement. Quand je joue, je me fie beaucoup au ressenti du public. Je prête une attention très particulière à ce qui les touche, les fait sourire, ou bien danser ensemble, ce qui les unit, ce qui les emmène dans mon monde, ou pas; une mélodie, une voix, un accord, un drop… Tout ce que je ressens avec eux devient matière première pour mes nouveaux projets.
En période de création, je fais moins de dates, car j’ai besoin de m’immerger complètement dans ma créativité. Je repense alors à tout ce que j’ai traversé sur scène, à l’énergie du public, aux regards, aux vibrations…Je me laisse guider par toutes ces émotions, et j’essaie de les retranscrire dans ma musique.
3. Quels thèmes ou émotions as-tu voulu transmettre à travers cet EP ?
« Fade Away » c’est l’idée de « disparaître »… Cet EP, je l’ai pensé comme une toile blanche, où je pouvais déposer mes émotions sans filtre. Un espace libre, en dehors des tendances, des codes, de ce qui est censé « marcher ». Refuser de me conformer, à une époque où l’image prend souvent le pas sur la musique. Me laisser disparaître, pour me laisser exister.
Ces trois morceaux ont été un véritable exutoire, composés pendant une phase de transition dans ma vie – autant personnelle, que professionnelle avec ce changement de nom. Chaque track porte une histoire gorgée d’ombre et de lumière: les voix lyriques s’entrelacent à une mélancolie hypnotique, dans une atmosphère sombre portée par des kicks lourds. On ferme les yeux… et on se laisse disparaître.
4. Parmi tous les titres de cet EP, y en a-t-il un qui a une place particulière dans ton cœur ? Lequel, et pourquoi ?
À vrai dire, je les aime tous les trois. Mais Elixir, le dernier morceau, a une place un peu particulière. Car ce n’est pas de la techno, mais plutôt une pièce cinématique, une sorte d’outro où je me suis vraiment fait plaisir. J’avais envie de montrer une autre facette de mon univers, plus contemplative, plus intime. D’ailleurs, peut-être que vous y reconnaîtrez certains des artistes qui m’inspirent au quotidien…
5. As-tu des astuces ou une méthode particulière quand il s’agit de produire et mixer ta voix pour qu’elle s’intègre parfaitement dans des univers techno aussi denses que les tiens ?
Oui, tout à fait. Voilà cinq ans que je produis sur Ableton, et à force de travailler ma voix, j’ai fini par développer une méthode qui me correspond et qui donne exactement le rendu que je recherche. Je me suis beaucoup auto-formée sur internet avec des tutoriels, des masterclass d’artistes issus de tous styles de musique. J’ai puisé dans toutes ces ressources pour créer ma propre manière d’enregistrer et de traiter ma voix. Une fois que le sample final est clean, je me laisse aller et me fait plaisir: c’est là que je m’amuse le plus, en testant plein d’idées créatives.
Pour expliquer rapidement ma méthode, je travaille en plusieurs phases:
1) Enregistrement: je fais plusieurs prises à la suite d’une même phrase que je répète parfois des centaines de fois, pour avoir la meilleure prise naturellement. Cette méthode me permet d’éviter d’utiliser un correcteur de pitch (style autotune) et d’avoir directement une prise correcte, une voix juste et naturelle. Ça prend beaucoup plus de temps, mais la voix est beaucoup plus « humaine ».
2) Comping: une fois que j’ai enregistré toutes mes prises, je viens sélectionner les parties que je préfère, et je les assemble, pour créer mon vocal entier.
3) Editing: je viens couper tous les bruits que je ne veux pas garder (respirations trop fortes, les « s » , les clicks, ou autres bruits nuisibles.
4) Gain staging: je viens manuellement baisser les parties trop fortes, et monter les parties trop faibles, ce qui permettra à mon compresseur d’être moins « poussé » pour obtenir un résultat similaire.
5) Mixage: Egalisation, compression, saturation, etc.
6) Effets: c’est là que je viens m’amuser (reverb, delay, ou n’importe quel autre effet créatif) et c’est la seule étape où je ne fais jamais la même chose; je me fais plaisir en essayant toutes sortes de combinaisons, de nouveaux plugins! Ce que je fais aussi souvent, c’est faire des chops vocaux, en découpant, retournant mes vocaux… Je crée de nouveaux samples de voix et les possibilités sont infinies! C’est une des étapes que je préfère quand je compose un morceau.
6. Après ton passage complètement fou à la soirée New Rave où tu as chanté en live (grand bravo c’était incroyable ! 🤩 ), peut-on s’attendre à te revoir dans ce type de performance ?
Est-ce que cette expérience va influencer tes futurs sets live ?
Et quels ont été les défis techniques lors de cette performance ?
Merci pour votre retour, je suis heureuse que ça vous ait plu! C’était une grande première pour moi, et l’équipe de New Rave a été incroyable. Je suis très reconnaissante d’avoir pu vivre cette première expérience de chant en live à leurs côtés. C’était un vrai défi: chanter pour la première fois en public, devant 6 000 personnes, et depuis une nacelle perchée à 6 mètres de haut… Clairement, l’émotion était intense! Je suis fière d’avoir relevé ce challenge et d’être allée jusqu’au bout.
Côté performance, tout s’est bien passé, même si j’ai conscience qu’il y a encore beaucoup à perfectionner. Ce jour-là, j’ai tiré deux grandes leçons: d’abord, j’ai découvert que j’aimais profondément chanter en live – et ça, c’est essentiel. Ensuite, j’ai compris que la scène, c’est un vrai métier. Gérer son stress, sa voix, la présence du public, occuper l’espace… tout ça s’apprend, et pour bien le faire, il faut être accompagné par des professionnels.
Je ne peux pas en dire plus… mais ce ne sera clairement pas la dernière fois que vous verrez ce type de performance!
7. Tu nous as régalés avec de nombreuses collab ces dernières années. En as-tu de nouvelles prévues dans le futur ?
Laquelle t’a le plus marquée jusqu’à présent ?
J’adore collaborer, parce que c’est l’occasion de croiser deux univers et de créer des choses qu’on n’aurait jamais imaginées seul.e. Cela dit, avec ce nouveau départ et le changement de nom, c’est important pour moi que les auditeurs puisse comprendre clairement la direction que je prends aujourd’hui. C’est pourquoi, en ce moment, je me concentre surtout sur des morceaux en solo. Mais en parallèle, il y a déjà de belles connexions qui se tissent avec des artistes dont j’admire le travail! Affaire à suivre dans les mois à venir…
8. Comment envisages-tu la suite de ta carrière après cet EP ? As-tu déjà de nouveaux projets en tête ? (On veut tout savoir 😜 )
J’ai toujours mille idées en tête! Mais je pense qu’il est essentiel de prendre le temps de bien faire les choses, sans se précipiter. Début 2025, j’ai rejoint l’agence de management Kidding Aside, avec qui je prépare de très beaux projets pour la suite. On commence avec la sortie de mon EP Fade Away sur KNTXT, suivie d’une tournée estivale pleine de festivals incroyables. J’ai d’ailleurs mis le mois de mai en OFF tournée pour me consacrer à la création d’un tout nouveau set, entièrement exclusif, avec plein de morceaux… J’ai vraiment hâte de pouvoir les partager avec le public cet été!
9. Si tu pouvais t’adresser à La Kajofol, qu’est-ce que Marion Di Napoli lui dirait aujourd’hui avec tout ce chemin parcouru?
J’aime beaucoup cette question. Je lui dirais: ne lâche rien. Continue de faire ce que tu aimes, même si ça ne rentre pas dans les cases. Ne te laisse pas influencer par ce qui est à la mode, reste alignée avec ton identité, ta vision. Et surtout : continue de travailler dur, encore et encore, et tu atteindras tes objectifs… Continue sur cette voie ❤

Malo est co-fondatrice de Technomag. Née dans l’univers techno, elle a été bercée par la vibration des basses (ont vous laisse imaginer les séquelles :’).
Vidéaste & photographe freelance, ce qu’elle aime dans son métier, c’est la possibilité de capturer des émotions et des instants précieux à travers ses photos et vidéos. Mais surtout, elle est là pour capturer vos meilleures bass-faces !
Chaque événement est pour elle une occasion unique de raconter une histoire, qu’elle essaie de faire avec authenticité.
Chez Technomag, Malo rédige des articles, gère les réseaux sociaux et partage des projets qui lui tiennent à cœur. Elle s’occupe également d’une partie de la communication (ne lui en voulez pas si elle n’a pas encore répondu aux mails ! ^^’ ).
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