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Hellfest 2025 : une leçon d’autogestion festive

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Oui, on le sait : ce n’est pas de la techno. Mais parfois, il faut savoir mettre le style musical de côté et simplement observer comment un événement arrive à accueillir 280 000 personnes en quatre jours, sans se désorganiser, sans se déshumaniser. Et c’est exactement ce que propose le Hellfest 2025.

Une organisation fluide. Une logistique millimétrée. Une atmosphère respectueuse. C’est un modèle de cohésion et d’engagement. Un festival où le collectif prime sur l’égo, où la bienveillance règne, et où chacun prend part à l’équilibre général.

Le Hellfest 2025 au cœur d’un débat

Récemment, certains médias — y compris dans la sphère électro — ont pointé du doigt le Hellfest pour avoir programmé le batteur d’un groupe, condamné il y a plus de trente ans, une peine purgée depuis longtemps.

Un nom parmi 250 groupes, ce qui représente, pour rappel, environ 1 000 artistes au total (un groupe comptant en moyenne 4 à 5 membres).

Évidemment, nous ne cautionnons pas les actes graves commis par certains artistes. Ce serait irresponsable de les minimiser. Mais il est tout aussi important de garder du discernement et une vision juste de ce qu’est le Hellfest aujourd’hui : un événement qui agit avec sérieux, encadre ses choix, prend ses responsabilités, et met au cœur de son dispositif le respect et la sécurité des festivaliers.

Cette affaire, relayée notamment par Ouest-France, reflète surtout les contradictions d’une société où les vices et les dérives sont partout — jusque dans nos propres scènes musicales.

Car dans le monde de la musique électronique aussi, les dérapages ne manquent pas. Il serait malvenu de pointer du doigt un festival sans reconnaître que des problématiques similaires traversent toutes les cultures musicales. Combien de DJ payés une fortune montent sur scène complètement défoncés, incapables de tenir un set sans l’aide du bouton magique ? #AutoSyncDJ

Combien d’affaires de violences sexuelles ont été étouffées dans des loges ou balayées sous le tapis pour ne pas “casser l’ambiance” ?

Malgré tout, des artistes présents au Hellfest profitent de leur passage sur scène pour faire passer des messages forts : lutte contre les discriminations, protection animale, défense de l’environnement, Etc… Et le festival ne reste pas les bras croisés. Il a mis en place le systeme de prévenstion et de signalement HellCare, un dispositif unique avec une application dédiée et une équipe de bénévoles formés, pour prévenir, intervenir et accompagner les cas de violences sexistes et sexuelles, les situations de détresse mentale, les actes de discrimination ou de harcèlement.

Le chaos, l’enfer ? pas du tout.

280 000 personnes réunies pendant 4 jours.

Pas de bagarres. Pas d’émeutes. Pas de mouvement de panique.

Un public massif, intergénérationnel, souvent en plein cagnard, et pourtant : aucun incident majeur à signaler.

Oui, on a compté 22 évacuations et 2 600 passages aux secours, principalement dus à la canicule… et quelques pogos un peu trop enthousiastes. Mais parlons-en, justement. Nous avons discuté avec des festivaliers qui adorent ces pogos, parfois musclés, et qui repartent fièrement avec quelques bleus comme souvenirs de leur passage en enfer.

Et quand quelqu’un tombe dans un moshpit ? Tout le monde s’arrête net pour le relever. L’instinct de protection est immédiat.

En vérité, c’est un chaos organisé. Un exutoire collectif qui, derrière les apparences, reste sûr. Oui, une cheville peut se tordre, mais personne ne vous blessera volontairement. C’est une mêlée joyeuse entre amis ou inconnus, où la solidarité l’emporte toujours.

On a aussi entendu que le Crowdsurfing (le fait d’être porté à bout de bras par le public) pouvait être risqué pour les femmes. Pourtant, Malory a tenu à tester pour vous : pas un seul geste déplacé. Rien.

Il peut y avoir, parfois, un fêtard un peu trop alcoolisé qui dépasse les bornes, mais dans la grande majorité des cas, un simple « non » suffit à mettre les choses au clair. Même éméchés, les gens restent à l’écoute et bienveillants.

Et du côté des forces de l’ordre présentes sur place ? Elles nous ont confirmé sans hésiter : le Hellfest est l’un des festivals les plus tranquilles qu’elles aient à encadrer.

L’une d’elles a même décrit les festivaliers comme de « gros nounours adorables ». On ne peut pas mieux dire.

Pourtant, on parle ici de conditions extrêmes : chaleur record, longues files d’attente, litres de sueur, et des heures de moshpit intensif.

Et malgré tout… le site et la bonne ambiance ont tenu.

C’était un record de chaleur, le mercure est monté jusqu’à 36°C au plus fort du week-end, rendant l’exploit encore plus impressionnant.

Mais le public a écouté et respecté les consignes. Ils se sont adaptés : ils ont bu plus d’eau pour tenir ces quatre jours, se sont abrités à l’ombre – des zones qui, malgré l’affluence, ne manquaient pas. Oui, parfois nous étions un peu les uns sur les autres, mais au moins il y avait des coins d’ombre où l’on pouvait s’asseoir, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas dans les festivals.

Ce que nous avons ressenti, c’est que le Hellfest n’est pas juste un festival. C’est une communauté soudée, bienveillante, et incroyablement respectueuse.

Comparaison avec d’autres scènes

Le Hellfest partage avec certains festivals ou de free party une culture de l’autogestion, où la communauté joue un rôle central dans le bon déroulement de l’événement. Là où le Hellfest parvient à maintenir un équilibre remarquable, d’autres scènes comme celle de la Techno rencontrent plus de difficultés — non pas toujours à cause de l’organisation, mais bien souvent en raison d’un manque de régulation individuelle chez les festivaliers eux-mêmes.

La question de la consommation de substances illustre bien ce constat. Ce n’est pas tant l’usage en lui-même qui pose problème, mais l’absence de limites personnelles. Lorsque certains enchaînent les prises en pensant “tenir le coup” ou par simple effet de groupe, le risque dépasse vite le cadre individuel. Ce sont alors l’ambiance générale, la sécurité, l’image du festival, et les autres festivaliers qui en pâtissent.

Face à cela, une surenchère de restrictions ou de contrôles systématiques n’apporte pas nécessairement de solution durable. Pire : cela peut détériorer la relation de confiance entre festivaliers et organisateurs. L’alternative semble résider dans une forme de maturité collective, qui passe par l’éducation, le dialogue, et une responsabilisation naturelle plutôt qu’imposée.

Le Hellfest réussit cet équilibre, en partie grâce à un public plus âgé et expérimenté que dans d’autres événements. Ce facteur contribue à une ambiance globalement plus posée, où chacun semble plus conscient de ses limites. On s’y sent en sécurité, et c’est peut-être là le vrai marqueur d’un festival réussi : offrir un cadre festif où l’on peut venir avec ses amis, ses enfants ou ses parents, sans craindre de franchir une ligne invisible.

Une référence pour tous les festivals ?

Pendant que certains festivals peinent à encadrer 2 000 personnes, le Hellfest en gère 280 000 avec maîtrise. Ce n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’années de travail, de déficits assumés, de refus d’aides publiques et de volonté pure.

Aujourd’hui, c’est tout un territoire qui bénéficie de cette réussite : économie locale, petits producteurs, emplois indirects.
Le Hellfest a prouvé qu’il est possible de créer un événement d’envergure sans vendre son âme au diable. 

Tu veux organiser un festoche ? Tu veux savoir ce que c’est qu’un public responsable ? Va au Hellfest. Regarde et prends des notes. 

En conclusion

Hellfest 2025 n’est pas qu’un succès musical : c’est une leçon d’organisation, de respect, de responsabilité collective. Peu importe la scène dont on vient, on a tous quelque chose à apprendre de cette édition. La fête peut être intense, libre, populaire… et bien gérée.

Et ça, franchement, ça fait du bien.

Et bien sûr, on n’est pas repartis sans souvenirs ! On a capté tout ça en vidéo : nos découvertes sur le terrain, nos impressions à chaud, et quelques questions posées à des festivaliers pour recueillir leur avis. La vidéo arrive très bientôt sur notre chaîne YouTube… restez à l’affût, ça vaut le détour.

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